Ni un matcha, ni un kombucha, ni même un boba, découvrez la classe à part du MANA yerba maté, boisson québécoise naturellement caféinée au potentiel inouï. 

Je vous invite à imaginer une scène au-delà du réel. Si l’on en croit la science-fiction hollywoodienne, il existe forcément un univers parallèle qui diverge légèrement du nôtre, une étrange chronologie où le café a carrément pris le bord et l’on se remplit chaque matin un grand thermos de yerba maté. Ce n’est pas si fou, car pour tout le réconfort qu’on doit au bon vieux kawa, le yerba maté aurait tout aussi bien pu jouer le même rôle au fil de notre histoire. C’est d’ailleurs déjà le cas depuis des siècles en Amérique du Sud, où l’on consomme le maté quotidiennement.

Pendant que certaines multinationales se mettent à timidement intégrer l’étonnante plante dans leurs gammes de breuvages, une initiative locale ose à son tour célébrer le yerba maté dans toute sa splendeur.

Qui sont ces jeunes mixologues montréalais? Il s’agit d’Arnaud Boire-Brouillette, de Jean-Philippe Bouchard, de Jonathan Tremblay, de Jean-Olivier Campion, et du voisin de ce dernier, leur grand partenaire Maxime Talbot, joueur de hockey de la LNH, anciennement avec les Penguins de Pittsburgh.

« Maxime est tombé en amour avec le produit dès les premières recettes, puis il voulait absolument nous rencontrer », nous révèle Jean-Philippe. « Maxime est un gars d’équipe, puis il est tellement passionné. Il a le feu dans les yeux! Quand il nous a demandé s’il pouvait nous aider, ça a été tout naturel de dire oui ».

Cannette de Mana Yerba Maté sur fond roseCannette de Mana Yerba Maté sur fond rose

Le génie dans un cruchon

C’est d’abord derrière le bar qu’Arnaud mitonnait ses mélanges d’herbes et mijotait des sirops à cocktails inusités. Le puissant yerba maté, alors inconnu au bataillon, lui a sauté aux papilles, et de suite, lui a dilaté les pupilles. Il s’est mis à s’amuser chez lui, à ajuster différents dosages, à tenter divers accords, puis a ramené la chose au Midway pour que l’équipe puisse aussi tester l’expérience. Un panel unanime!

« Au départ, Arnaud arrivait avec ses cruchons, et c’est pas un mensonge, tout le monde tombait dedans! On était toute la gang à boire sa petite potion magique! Ça finissait qu’on lui buvait toute sa cargaison », nous raconte Jean-Philippe, aussi copropriétaire du Midway.

« Le staff se sifflait mes petites bouteilles comme si c’était de l’eau », ajoute Arnaud, « à un point où les gens ont arrêté leur consommation de boissons énergisantes pour boire ça à la place! » L’équipe réalisait que ce simple ingrédient les accompagnait souvent jusqu’aux petites heures, suite à quoi s’offrait tout de même à eux une bonne nuit de sommeil, sans contrecoup.

« C’est là qu’on s’est assis puis qu’on s’est dit: attends minute, il y a quelque chose qui se passe », dit Jean-Philippe. « On a cogité », renchérit Arnaud, « et tout de suite après, la pandémie est arrivée. Ça nous a dégagé à 100%, puis on a vraiment pu mettre de l’avant le projet MANA ».

Pour poursuivre et éventuellement commercialiser le succulent filon, il leur fallait approfondir les recherches et répondre à quelques questions qui, je le sens, assouviront assurément votre curiosité.

Cannette de Mana yerba maté à la mûre et à l'hibiscusCannette de Mana yerba maté à la mûre et à l'hibiscus
Mana mûre et hibiscus

Comment le yerba maté pousse-t-il?

« Bon… » lance Jean-Philippe, « on va régler ça tout de suite. C’est pas du thé! C’est vraiment sa propre famille! ». Ça méritait en effet d’être clair.

Ne poussant pas dans un buisson comme le théier (camellia sinensis), le yerba maté est entièrement distinct. « C’est un arbre qui, en milieu naturel, va pousser jusqu’à vingt mètres de haut. C’est immense! », dit Arnaud. « Les agriculteur.trice.s vont le garder entre quatre et huit mètres. Ils vont récolter les feuilles puis une petite partie des branches ».

Pour MANA, le processus de séchage à l’air - sans fumée - prend environ un an en Argentine, au sein d’une coopérative agricole certifiée biologique.

Comment prépare-t-on le yerba maté?

Traditionnellement, on utilise une calabaza, une calebasse, ou une gourde qu’on cueille, puis sculpte en un petit bol. Dès notre réveil, on y dépose les feuilles. On penche le récipient (à un angle de 45°) puis on verse l’eau chaude (entre 70° et 75° Celsius). On aspire ensuite le liquide à travers une paille métallique à filtre, nommée bombilla. 

« Ce qui est le fun avec ça, c’est que tu peux ré-infuser les mêmes feuilles le nombre de fois que tu veux, la seule différence c’est qu’à chaque fois que tu ré-infuses, tu vas avoir de moins en moins de caféine », précise Arnaud. Juste ce qu’il faut pour nous garder à niveau.

Quel est l’effet du yerba maté?

La première gorgée est très intense, on ne s’en cache pas. Un boost quasi instantané.

Et lorsqu’on l’infuse à basse température, ça devient d’autant plus intéressant. Cette méthode, douce et savoureuse, s’appelle un tereré. « À froid, on en dégage deux éléments actifs. Il y a de la caféine, que tout le monde connaît, mais il y a également la théobromine qu’on retrouve entre autre dans le chocolat noir ». 

« La théobromine va ralentir l’absorption de la caféine, ce qui fait en sorte que notre courbe énergétique va être beaucoup moins élevée. On va avoir une énergie qui est plus diffuse dans le temps. Pour les recettes qu’on fait, on s’est en fait basé sur un tereré. On va vraiment chercher tous les bénéfices du yerba maté, puis on est même capables d’aller chercher 10% plus d’anti-oxydants ».

Ce n’est pas tout! L’imposante amertume y sera beaucoup plus discrète, plus accessible, pour laisser briller la verdure, le volet herbacé, voire zesté.

Quel est le goût du yerba maté?

Tout comme le café, le yerba maté est de nature amère: un mot qui fait si peur et pourtant, une saveur sous-représentée, bien familière aux mixologues. On pense aux vifs apéritifs italiens, aux bitters déposés goutte à goutte sur une mousse de blanc d’oeuf, à la longévité d’une IPA bien houblonnée.

MANA doit son succès à un inébranlable équilibre. « On est habitués à travailler avec l’amertume. On voulait pas la cacher », insiste Arnaud, qui avec l’aide de ses camarades, s’inspire de cocktails différents pour intégrer le maté sans jamais le dénaturer. On y intègre un peu de sucre, un peu d’acidité, jusqu’à ce que joie s’en suive.

Sachant que leur boisson bio est présentement dans près de 700 points de vente, on peut admettre haut et fort que le pari est gagné, le défi réussi: le cœur des Québécois.es (et même de quelques Ontarien.ne.s) est tout à fait conquis.

Cannette de Mana yerba maté à saveur tropicaleCannette de Mana yerba maté à saveur tropicale
Mana tropical

Un usage terre-à-terre, ailes non requises

MANA souhaite rejoindre « les gens comme nous, qui sont justement un petit peu débordés par le train-train quotidien, qui veulent faire un pied-de-nez à la vie! » MANA n’essaie pas de grappiller l’attention des fans de taurine. La marque n’incite personne à gravir des falaises escarpées en jonglant des pétards pyrotechniques. « C’est pas les super-achievers qu’on vise ». Son lumineux branding est à des années lumières des artifices de guarana et autres stimulants. 

« Les trois cannettes sont des canevas de trois artistes émergentes montréalaises, qui mettent en œuvre leur univers créatif. C’est vraiment vers cet aspect qu'on travaille. L’aspect positif », affirme Jean-Philippe. 

Les plus geeks d’entre-nous verront dans le nom MANA un mignon clin d'œil aux fioles que s'enfilaient nos fantastiques personnages dans les jeux vidéo d’antan. Arnaud et Jean-Philippe ne nient pas le lien, amusés par ma question. Les plus spirituels reconnaîtront le terme polynésien, référence à une énergie mystique qui entoure les gens. « Je trouve que le terme englobe très bien ce qu’est notre breuvage », reflète fièrement Jean-Philippe.

Dans un futur proche, s’enchaîneront pour leur équipe davantage d’aventures sur le terrain, dégustations auprès du public chaque fin de semaine. « On a déjà réservé nos kiosques pour l’an prochain à l’Expo Manger Santé, au SIAL (Salon international de l'alimentation), puis au CHFA (Canadian Health Food Association) », dit Jean-Philippe.

« Je pense que c’est un projet qui est rendu plus gros qu’on aurait jamais imaginé », nous avoue Arnaud, voyant son calendrier de plus en plus dédié à MANA. « Si on veut garder le momentum qu’on a en ce moment, on peut pas lâcher ».

Cela va sans dire que pour garder le cap, une canette bien fraîche leur sera toujours salvatrice!