Les racines du vignoble

En 2003, Louis Denault et Nathalie Lane ont quitté Lanaudière avec leurs trois jeunes enfants pour drastiquement changer de carrière, et par le fait même, de rythme!

« L’Île-d’Orléans, pour nous, c’est le paradis sur terre. C’est venu vraiment sur un coup de coeur de l’emplacement », dit Louis. 

Le lieu bénéficie d’un sol riche en limon (un sable grossier, fertile et léger) recouvrant des couches de schiste (des plaques fines et friables, un peu comme un mille-feuille d’argile). Le tout confère au vin une fascinante minéralité. Les vignes sont plantées à la fois sur un versant Nord plus frais, et sur un versant Sud fouetté par les rafales du fleuve. 

« Le vent, on en manque pas ! » nous confirme Louis.

En plus d’offrir une vue fulgurante qui, avouons-le, est magnifiée par chaque gorgée, la région s’est révélée clémente envers le cépage allemand Riesling. Ce dernier, encore rarissime au Québec, est célébré dans chaque bouteille du Ste-Pet, leur populaire et moderne mousseux aux esters tropicaux.

Une demande grandissante

À la recherche de ces millésimes particulièrement prisés, les visiteurs s’en sont donné à coeur joie tout l’été en repartant avec des caisses plein les bras. Malgré une présence minime en SAQ, le vignoble Ste-Pétronille a pu liquider l’intégralité de ses précieuses réserves à même le domaine, et ce à un débit record. Sur les tablettes des boutiques spécialisées, leurs produits disparaissent tout aussi vite.

« Ça nous surprend nous-même, les vignerons. Jamais on aurait pensé qu’il y aurait des files devant les épiceries fines, ou même des limites par clients, mais on est rendus là ! » L’engouement est palpable chez les épicuriens. Satisfaire l’immense demande n’est pas une mince affaire. « D’une année à l’autre, on remarque que même si l’on fait toujours un petit peu plus de vin, on en manque toujours un peu plus tôt. »

Se démarquer par l’IGP

Au delà de sa grande buvabilité, quelques appellations peuvent crédibiliser un vin québécois aux yeux des experts et du public. Depuis ses débuts, l’équipe du vignoble Ste-Pétronille a pris les devants pour être accréditée IGP (Indication Géographique Protégée), une valeur ajoutée selon Louis. La certification n’est pas qu’un titre. Elle impose une structure rigoureuse et en bout de ligne, résulte en un vin davantage exempt de défauts.

« On est certains que ça passe par un laboratoire, que les gens se font conseiller par un agronome et par un œnologue. C’est une obligation d’être suivi. C’est une série de bonnes pratiques, en plus d’un plan de traçabilité hors pair », explique Louis. « Je pense qu’on est pas loin d’une quarantaine de vignerons à avoir des vins IGP. »

Bien que le Vignoble Ste-Pétronille ne s’en pète pas les bretelles, l’établissement est également en pré-certification biologique. Les premières vignes ont été plantées en 1988 et cela fait maintenant huit ans qu’aucun herbicide ne s’y frotte. Les méthodes y sont pratiquement bio depuis trois ans, sans pour autant porter le sceau officiel.

« On le fait pour nous, puisqu’on vit sur notre terre », confie Louis. Maintenant que le processus est enclenché, l’expérience s’avère positive pour le vigneron. « On aime bien l’approche d’Ecocert. Ce sont comme des partenaires qui veulent qu’on réussisse notre agriculture biologique. »

Le raisin de A à Z

Par souci d’utiliser chaque élément de leur récolte, et surtout, de s’amuser à foison, les marcs sont transformés en un merveilleux spiritueux. Une fois que le raisin est trié, éraflé puis légèrement pressé pour produire le vin, il reste la peau, mais aussi un peu de pulpe sucrée, combinées aux lies et aux bourbes, qui sont alors fermentées sur des levures indigènes puis distillées.

Le résultat? Une exquise eau-de-vie qu’on confondrait joyeusement avec la grappa, si seulement il était permis de la nommer ainsi.

« On est allés voir plein d’alambics, plein de distilleries en Italie, beaucoup en France et après ça, on s’est bien entourés! »

La famille, la famille, la famille

Misant sur l’entraide, le partage du savoir et une curiosité sans borne, leur mission est la suivante : « Faire les meilleurs vins possibles selon ce que la nature nous donne », affirme Louis. « Si on est capables de travailler toute la famille ensemble, c’est encore mieux. »

Leurs trois enfants, désormais adultes, sont d’ailleurs impliqués à temps plein, que ce soit pour tailler les vignes au printemps, pour les vendanges à l’automne, ou encore pour terrasser la paperasse sans broncher.

« On travaille encore très fort mais on n’est pas tout seuls. On a de la relève et c’est formidable. Dans un vignoble c’est tellement important. Ce n’est pas un métier de retraite », précise Louis. « La première récolte se fait trois ou quatre années après avoir planté la vigne. Ça prend au moins 10 ans avant d’établir quelque chose sur de bonnes bases. »

Chose certaine, Louis est bien accompagné. Nathalie Lane, sa conjointe, s’occupe du volet administratif, de la comptabilité et des ventes. Sa fille Gabrielle couvre avec brio le marketing. Son fils Charles, diplômé en œnologie et en viticulture, gère le champs et le chai. Le plus jeune, Philippe, poursuit de son côté une technique en agriculture biologique, et tiendra bientôt les rennes du tout dernier projet de la bande : un cidre unique en son genre.

On arrête pas le progrès

« On vient juste d’avoir le permis de cidrerie ! » s’exclame Louis. « On s’est trouvé un fournisseur, un bon ami à moi qui fait des pommes impeccables. » Le fruit en soit, un hybride exclusif à l’Île-d’Orléans, sera macéré avec du Pinot gris. « On réfléchit à ça. On a aussi rencontré les gens de la Cidrerie Milton, de bons amis qui nous coachent un peu. » 

Voilà donc une prochaine innovation qui promet une dose immodérée de plaisir gustatif. Si pour le moment la croissance n’est pas une priorité pour le Vignoble Ste-Pétronille, les idées y fusent à volonté et les propriétaires, tout comme les clients, en sont ravis.

First row without margin top

Le couple lance alors la fabrication d’un autre lot d’horloges, cette fois en trente exemplaires, et s’inscrit à la foire d’artisanat Central Pop de Drummondville. De nouveau, toutes les horloges sont vendues. « On savait qu’on avait quelque chose en main », se rappelle Olivier. Noir et Bois - un nom en clin d’oeil au design du premier modèle d’horloge - voit alors le jour. Les compétences respectives des deux conjoints sont bien utiles: Meggie est designer de formation et a travaillé dans le commerce de détail, la décoration et le design d’intérieur, tandis qu’Olivier est diplômé en administration des affaires et représentant des ventes dans le domaine manufacturier.