L’hiver est à nos portes. On n’y échappera pas. Accueillons-le comme un vieil ami qu’on retrouve avec tendresse et résignation. Qu’on le veuille ou non, il débarque avec ses rafales brutales, qui ralentissent notre cadence et il nous commande de prendre notre temps. Dans cette optique, on réfléchit à nos pas et aux bottes d’hiver qu’on chausse pour franchir les trottoirs glacés. Pourquoi pas miser une fois pour toute sur un produit de qualité au lieu de racheter une paire à chaque saison? C’est logique pour la planète ET pour notre portefeuille, non? Pour nourrir votre réflexion à ce sujet, on  vous partage quelques conseils d’experts.

Acheter pour durer

Commençons par le début: il faut tout d’abord choisir vos bottes en misant sur la qualité! C’est important de prendre son temps à cette étape afin de bien déterminer nos besoins et choisir le modèle qui nous convient. Au-delà des paramètres techniques liés à l’utilisation que vous en ferez (type d’environnement immédiat, kilométrage prévu, confort, budget, etc.) prenez le temps de choisir un modèle que vous aimez et que vous prendrez plaisir à porter! Il a été prouvé que lorsqu’on apprécie l’esthétique d’un objet (encore plus un objet utilitaire, comme un vêtement), on a plus de chance de vouloir en prendre soin longtemps! Concrètement, c’est possible que cela se traduise par un coût plus fort à l’achat, mais qui peut être amorti sur plusieurs années d’utilisation. Ça signifie donc qu’on puisse avoir une relation à long terme avec nos bottes préférées! Comme dirait François Sévigny, propriétaire de la cordonnerie éponyme Chez François Cordonnerie à Québec, « N’achetez pas un prix, achetez un produit ». 

On se laisse trop souvent séduire par des soldes alléchants sur le coup alors qu’on ne réfléchit pas à la durabilité. Le cordonnier recommande d’acheter la meilleure qualité qui soit à votre portée. Sans surprise, plusieurs compagnies québécoises se démarquent d’ailleurs dans la fabrication de bottes d’hiver. On n’a qu’à penser à des institutions comme La Canadienne,  Saute-Mouton ou Anfibio, par exemple, dont les preuves ne sont plus à faire! (Il faut connaître l’hiver pour savoir s’en protéger, non?) 

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Crédit: Facebook La Canadienne

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Crédit: Facebook Anfibio

S’aimer d’amour: tous les jours

« Ensuite », poursuit François, « c’est primordial qu’on entretienne nos bottes quotidiennement. Il suffit de passer un petit linge humide sur toute la surface, à son retour à la maison, pour éviter que le calcium et les enduits de salage ne rongent les matériaux ». Car une fois qu’une cicatrice de calcium apparaît sur la surface de vos bottes, c’est très difficile d’en raviver la texture initiale! Vaut mieux prévenir! Une fois de temps en temps, c’est recommandé de renouveler l’enduit imperméabilisant, surtout après quelques années. En fin de saison, on peut procéder à un dernier nettoyage minutieux et, dans le cas d’un cuir, d’un cirage de finition, avant de les ranger loin d’une source de chaleur jusqu’à la saison suivante. On s’assure ainsi de la longévité de nos bottes! 

Réparer d’abord

Si on constate, après avoir « fait du millage » que nos bottes s’usent, c’est le temps de les apporter chez votre cordonnier de quartier! Une semelle s’efface? Une talonnette branle? Votre renfort est déchiré? Pas de panique, on vous arrange ça! « Ça fait 30 ans que je suis dans le métier. Je peux vous dire que 90% de la longévité d’une chaussure est assuré par l’entretien, mais quand vient le temps de réparer, apportez-nous ça en personne. Moi, je suis un « ouerreux », je ne peux rien faire par téléphone! » annonce François en riant. « C’est vraiment rare, mais quand je ne peux rien faire pour vous aider, je vais le dire. J’aime mieux dire non à une job pis rater l’argent que de te dire oui pis t’en passer une dans les dents ». 

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Crédit: Facebook Cordonnerie chez François

Même son de cloche à la Cordonnerie Cyr, située dans Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Le copropriétaire et fils du fondateur, James, travaille le cuir depuis 15 ans. Il nous presse lui aussi de passer chez le cordonnier pour un diagnostic précis et personnalisé avant de jeter nos bottes préférées et ce, peu importe le degré apparent d’usure.

« Pas mal toutes les bonnes bottes sont récupérables! Les gens sont parfois surpris! En personne, on peut mieux évaluer le travail à faire. Les grades de réparation sont différents sur les bottes modernes. Ce n’est pas comme dans le temps de nos grands-parents ou tous les souliers ou presque étaient fabriqués exclusivement avec du cuir pleine fleur et du caoutchouc! Aujourd’hui on travaille avec toutes sortes de résines de synthèse, de plastiques divers qui sont joints avec plusieurs types d’adhésifs. Ça implique beaucoup d'analyses minutieuses en personne ». 

Le métier de cordonnier maroquinier est passionnant. James, qui pourrait en parler pendant des heures, nous ramène à l’essentiel: « Mon métier est ancien, et très beau. Il me permet d’éviter la surconsommation en permettant aux gens du quartier de continuer à utiliser leurs bottes d’hiver pour les années à venir. C’est simple et gratifiant ».

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Crédit: Facebook Cordonnerie Cyr

À cause de la surabondance d’objets mercantiles (trop) bon marché qui nous entourent, c’est facile de perdre de vue l’horizon. Le coût réel de notre surconsommation nous est souvent dissimulé, mais il se révèle de plus en plus, et le spectacle est désolant. C’est l’heure de faire des choix éclairés! Comme revenir à une relation d'engagement à long terme avec nos objets en en prenant soin. Confier nos bottes de qualité aux bons soins de cordonnier, ça nous permet de faire un pied-de-nez au marché de l’éphémère et d’encourager du même coup l’économie locale. On gagne sur toute la ligne!